Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/379

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais presque simultanément, précédant de peu de jours la lettre privée de Calamatta à Mme Sand, parut dans le Siècle un article d’Anatole de La Forge qui adressa à ]lme Sand une lettre ouverte au nom de MM. Henri Martin, Manin, Ary Scheffer, du général Ulloa et autres. Ces messieurs déclaraient leur chagrin à propos des expressions dont George Sand s’était servie en parlant de l’Italie, George Sand répondit sur-le-champ par une lettre adressée au directeur politique du Siècle, M. Havin, et envoya une copie de cette lettre à Charles Edmond, pour l’imprimer dans la Presse. Dans sa lettre inédite du 14 mars 1857 à ce même Charles Edmond, nous trouvons à ce propos les lignes suivantes :

Cher ami, je vous envoie ci-contre la copie d’une lettre que je vous prierai de faire insérer dans la Presse, dès que le Siècle l’aura publiée, et même avant, si le Siècle, qui ne m’aime pas du tout, tarde trop à faire son devoir. J’y ai joint un en-tête, note explicative que vous arrangerez ou retrancherez si vous le jugez à propos, mais qui me paraît cependant utile pour préciser la question. Vous voyez qu’on m’attaque beaucoup parce que je me suis permis de dire la vérité sur l’état de la population romaine, et que l’on veut sottement me faire crime de ce dont on devrait me faire un remerciement. J’ai eu le courage de dire ce que l’Église fait des hommes qu’elle gouverne spirituellement et politiquement, et de protester contre les touristes sans entrailles qui pardonnent à l’abaissement de la race humaine, à cause de la beauté de l’air et des pierres, du pittoresque des haillons et de la mise en scène pontificale (choses souillées ou ratées bien réellement).

Il devient donc bien nécessaire que nous nous entendions au phis vite sur le résumé de hi fin et que vous me le laissiez aussi entier que possible. Autrement vous me livreriez aux bêtes, et vous êtes trop chevalier slave pour le vouloir.

Cependant si vous croyez pouvoir me donner plus de liberté en mettant en note que vous n’endossez pas, en tant que journal (opinion collective) la responsabilité de mon dire, vous ne me fâcherez pas : faites.

Émile[1] a dû vous voir pour nos affaires. Je travaille donc toujours pour vous[2] ; à vous de cœur.

G. Sand.

Ne négligez pas de me répondre pour cette conclusion du roman, il le faut absolument.

  1. Émile Aucante.
  2. V. plus loin p. 382.