Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/38

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moyenne, la conviction de la nécessité de l’union entre les deux classes qui accomplirent la révolution. C’est le peuple, qui a le droit et la force, la bourgeoisie a la science sociale. Isolés, ni l’un ni l’autre ne peuvent atteindre à la lumière et à la liberté. L’union est le gage du succès. « L’homme isolé n’est rien »… L’isolement social est la source de toutes les erreurs.

Aussi l’auteur espère-t-il que « l’union fraternelle détruira toutes les fausses distinctions et rayera le mot même de classes du livre de l’humanité nouvelle… »

Nous vivions comme une flotte naufragée que la tempête a dispersée sur des récifs, et dont les passagers meurent séparés par des abîmes, en se tendant les bras, sans pouvoir se porter secours les uns aux autres. Oui, le sort de l’humanité, divisée de droits et d’intérêts, est aussi horrible que cela, c’est la prison cellulaire, où l’on devient stupide et insensé.

Une vie nouvelle commence ; nous allons nous connaître, nous allons nous aimer, nous allons chercher ensemble et trouver la vérité sociale ; elle est au concours…

La vérité sociale n’est pas formulée. Tu voudrais en vain l’arracher de la poitrine des mandataires que tu as élus dans un jour de victoire. Us la veulent à coup sûr, puisque tu as cru en eux, et tu ne te trompes jamais dans tes grandes heures de libre inspiration.

Mais ils sont hommes, et leur science ne peut déroger à la loi de l’humanité.

La loi de l’humanité est que la vérité ne se trouve pas dans l’isolement et qu’il y faut le concours de tous.

L’isolement était le régime de séparation des intérêts et des droits. Ce régime tombe à jamais devant ce mot sacré de République !

La Seconde lettre au peuple[1], datée du 19 mars, diffère déjà beaucoup de la première comme ton général et quoiqu’elle se termine aussi par l’exclamation « À toi, ô peuple, aujourd’hui comme demain ! », cette assurance même que « demain » encore l’auteur ne renierait pas son entier dévouement, semble révéler qu’ « aujourd’hui » ce peuple n’était plus aussi mettre de la position qu’il l’était hier. Dans le texte même de la lettre l’auteur

  1. Les deux Lettres au peuple portent les sous-titres : Hier et Aujourd’huiAujourd’hui Demain et parurent en brochures avec indication qu’elles se vendaient « au profit des ouvriers sans travail ».