Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/385

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certains faits notoires de sa vie privée, dont nous parlons plus loin.

Les ennuis causés par Daniella ne se bornèrent toutefois point à cette polémique de journaux. La Presse, où parut ce roman, reçut deux avertissements successifs, parce que les tendances anticléricales de l’auteur, ainsi que la narration des exploits accomplis par Jean Valreg en compagnie des membres d’une société secrète, le prince de Monte-Corona et son médecin, pour déjouer la surveillance de la police et pour s’échapper heureusement ne pouvaient être du goût des ministres et censeurs napoléoniens, La Presse reçut donc, en décembre, un troisième avertissement l’exposant à la suspension sans autre forme de procès. Mme Sand, sentant que les deux premiers avertissements l’atteignaient, fut effrayée à l’idée de voir un millier de travailleurs, prêtes et autres, jetés sur le pavé, si le journal était suspendu. Elle comprit que le roman mécontentait surtout l’impératrice Eugénie, protectrice des cléricaux, et elle s’adressa bravement à cette dernière, implorant sa protection et sa miséricorde pour les malheureux ouvriers innocents[1].

En 1859, lors de la guerre pour l’indépendance italienne, George Sand a fait paraître deux articles par lesquels elle semble avoir voulu effacer l’impression déplaisante produite sur les lecteurs italiens de Daniella par certaines de ses pages. D’autre part Mme Sand semble avoir voulu aussi faire la paix avec M. de La Forge et lui faire oublier la polémique de 1857. Dans son article Garibaldi, en racontant la vie de ce grand homme d’après plusieurs de ces biographes, elle citait, après M. F.-T. Perrens, huit lignes de M. Anatole de la Forge. Et après avoir transcrit quelques lignes de lui, peignant la vie de Garibaldi au milieu de sa famille sur l’île de Caprera, elle recitait encore une fois M. de La Forge (son article paru le 26 mai 1859 dans le Siècle), en faisant précéder cette citation de ces mots flatteurs :

  1. Cette lettre à l’impératrice, datée du 9 décembre, fut remise aux bons soins de Mme de Contades qui, ainsi que le comte d’Aure, MM. Damas-Hinard et le baron de Pierre, avait maintes fois aidé Mme Sand dans ses démarches auprès de l’impératrice. La lettre touchante de Mme Sand à Mme de Contades, datée de ce même 9 décembre, reste inédite.