Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/387

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pas tant d’attention. La fable se distingue non seulement par un entassement d’improbabilités romantiques, d’une quantité excessive de bandits, de souterrains, de capucins et d’espions, mais encore d’un certain manque de goût spécial, qui caractérise les œuvres contemporaines de ce que nous appelons l’époque théâtrale de Nohant. Dans les pièces de marionnettes, ainsi que dans les pièces improvisées du théâtre de Nohant, toutes sortes de meurtres arrivaient à chaque moment, et certes il était bien indifférent pour les spectateurs combien de pupazzi Balandard ou Pierrot assommaient de leur latte ou combien de malfaiteurs le héros de la commedia dell’ arte transperçait de son épée, les enfilant comme des cailles sur une broche. Tout cela était si risiblement invraisemblable que cela n’excitait aucune émotion. Mais lorsque Jean Valreg et d’autres héros du roman de George Sand qui, comme tous les romans possibles, tâchent avant tout de donner au lecteur l’illusion de la réalité, lorsque ces héros, dès le premier chapitre, tantôt fracassent la tête d’un bandit ou jettent au bas d’un mur un espion, frère de l’héroïne, ou tirent un coup de fusil à bout portant sur quelqu’un d’autre encore, alors le lecteur éprouve une gêne et s’étonne infiniment que la plume de George Sand ait pu écrire de telles scènes et aventures, bonnes pour des romans de petite presse et paraissant surtout déplacées au milieu de pages remplies de fines analyses psychologiques et de poétiques tableaux de la nature. Cela manque de tact et de goût ; et la cause de cette aberration du goût, nous sommes positivement enclins à la voir dans l’engouement simultané de Mme Sand pour les bouffonneries et les mélodrames outrés de marionnettes, dans son habitude de la redondance et des trucs de la comédie italienne.

Le séjour en Italie réveilla chez Mme Sand son ancienne passion des voyages, mais n’ayant ni les moyens ni le temps d’entreprendre tous les ans quelque grand voyage à l’étranger, elle se borna l’année suivante à faire en compagnie de Manceau une excursion dans sa chère forêt de Fontainebleau.

Dans sa lettre à Charles Poncy, du 23 juillet 1856, nous trou-