Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/407

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fait à la liberté d’aimer, tandis que Jacques en est le plaidoyer. Il y a là une erreur. Jacques est une apologie de l’amour tout-puissant ; Valvèdre est un jugement prononcé contre l’amour passe-temps, né du désœuvrement.

Ce Moserwald — soit dit par parenthèse — est un des très rares Israélites que l’on trouve dans les romans de George Sand. Mme Sand avait peu de sympathie pour la race d’Israël, la trouvant antisociale, empreinte d’esprit bourgeois. C’est ainsi que dans une lettre à Victor Borie (du 16 avril 1857) elle dit à propos du poème d’Edouard Grenier, le Juif errant :

…Son poème est très remarquable. Moi, je vois dans le Juif errant la personnification du peuple juif, toujours riche et banni au moyen âge, avec ses immortels cinq sous, qui ne s’épuisent jamais, son activité, sa dureté de cœur pour quiconque n’est pas de sa race, et en train de devenir le roi du monde et de tuer Jésus-Christ, c’est-à-dire l’idéal. Il en sera ainsi par le droit du savoir-faire, et, dans cinquante ans, la France sera juive. Certains docteurs israélites le prêchent déjà. Ils ne se trompent pas…

L’antipathie de Chopin pour les juifs a aussi un peu son écho dans les œuvres de Mme Sand. Dans les Sept cordes de la lyre on voit paraître un juif avide : c’est un usurier sordide.

Moserwald, lui, représente un autre type de juif, un bourgeois riche, un sac à or, croyant que tout s’achète. Mais sous l’influence de son amour malheureux pour Alida, il comprend, lui aussi, qu’avec de l’argent on peut, tout au plus, conjurer des désastres matériels, que l’argent est un instrument pour faire le bien, mais qu’il peut aussi faire le mal.

Le héros de Valvèdre s’appelle Francis. Ce roman parut en 1861. Or, au commencement de 1862, George Sand fit la connaissance d’un israélite, auquel elle soutint, d’une part, que la richesse, l’argent, gâtent les hommes ; qu’étant riche il fallait posséder une grande force d’âme pour rester bon, et d’autre part c’est à propos de cet israélite, venu si délicatement en aide à un certain Francis fort réel, que Mme Sand demandait à Dumas fils s’il avait remarqué… « qu’avec les juifs il n’y avait pas de milieu ; quand ils se mêlent d’être généreux et bons, ils le sont