Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/432

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aimons depuis longtemps. Elle a vingt ans, elle est très enfant et en même temps très raisonnable. Je n’ai plus d’autre occupation et d’autre désir que de la rendre heureuse…


À Jules Boucoiran Mme Sand écrivait dans sa lettre du 28 juin 1862 :

Mon jeune ménage va très bien, Maurice pioche, sa petite femme est la grâce et le charme en personne. Nous l’adorons…


Et plusieurs mois plus tard, lorsque sa jeune bru était à Paris avec Maurice pour « voir le monde et se laisser voir », comme disent les bonnes gens, sa belle-mère lui écrivait également :

À Lina Sand.
Nohant, 14 février 1863.

Ma cocotte chérie, j’ai été heureuse ce matin et je suis heureuse pour toute la journée d’avoir une lettre de toi. C’est fête, et elle est bonne et charmante comme toi, ta lettre. Tout en la lisant et en déjeunant, je me suis aperçue que je pleurais dans mon chocolat et comme ce n’étaient pas des larmes tristes, bien au contraire, mon chocolat ne m’en a paru que meilleur.

Tu as bien raison de m’aimer, va, car je ne vis que pour toi et Maurice et je me persuade si bien que je t’ai mise au monde, que je ne fais pas de différence de plus ou de moins entre vous deux.


Or, par une lettre du 20 février de cette même année, adressée à Édouard Cadol qui, alors à ses débuts dramatiques, venait d’obtenir un grand succès avec la Germaine, refaite sur les conseils de George Sand, et venait de quitter Nohant où il avait séjourné plusieurs semaines et gagné tous les cœurs, par cette lettre nous voyons que Mme Sand disait de Lina aux autres la même chose qu’à elle-même :

…Vous êtes gentil de me dire que ma Lina s’amuse et va bien, car elle n’a guère le temps de m’écrire. Je ne le lui dis pas, pour ne pas mettre un cheveu dans ses confitures, mais la maison me paraît bien morne sans elle…