Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/487

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Les journaux sont jusqu’ici très louangeurs. J’ai reçu vos lettres ce matin, je suis contente, chers enfants, que vous soyez contents. Je voudrais que vous vissiez une de ces belles soirées où je triomphe enfin sur toute la ligne à la barbe des cagots, des envieux et des gazetiers.

À monsieur Oscar Cazatnajou.
Paris, mars 1864.

…J’ai eu un succès dont rien ne peut donner l’idée et que je ne croyais jamais avoir au théâtre. La pièce fait à présent un argent fou. Je ne sais pas si ça durera, mais c’est superbe pour le moment…

À Maurice.
Paris, 5 mars 1864.

On n’a pas joué la pièce hier, à cause du vendredi… On la jouera le dimanche pour se dédommager…

… Aujourd’hui on a dû faire salle comble, car j’ai demandé pour des amis deux places qu’on ne pourra pas me donner, même en payant, avant mercredi. L’Odéon est illuminé tous les soirs… J’ai été hier chez Nadar, on m’a portraiturée seize fois, j’espère que nous aurons quelques épreuves réussies dans le nombre.

… J’ai beaucoup de choses à vous dire sur le protestantisme. Il s’y passe une mauvaise réaction. On vient de destituer Coquerel qui pense comme M. Leblois. Il y a deux partis en guerre. Les protestants de M. Guy qui sont aux trois quarts catholiques et ceux qui veulent la tolérance. Il paraît que le pasteur de Bourges est dans le parti arriéré et je ne vous approuverais pas de quitter le catholicisme pour une religion qui se déclare tout aussi intolérante et qui impose la divinité de

    George Sand, était un républicain et ami de George Sand depuis 1848. Il s’intéressait à l’aérostatique et l’aviation et écrivit un livre : le Droit au vol. On sait qu’un décret datant de la grande Révolution interdisait absolument tout essai de vol, soit en ballon, soit sur des appareils plus lourds que l’air. Or Nadar défendait le droit de chacun de voler. Mme Sand écrivit, en 1865, une Préface à son livre, qu’il aurait été fort curieux de publier de nos jours dans quelque revue d’aviation. (Cette préface est réimprimée dans le volume des Souvenirs de 1848.) Mme Sand y part d’un point de vue très élevé et très grand r il ne faut ni se moquer, ni mettre d’entraves à une grande idée nouvelle, mais au contraire l’accueillir avec joie et prêter à son auteur aide et secours, pour qu’il la réalise, si cette idée est basée sur la logique et provient de la volonté de se rendre maître d’une force de la nature point encore domptée ; l’avenir justifie toujours les novateurs et les chercheurs courageux ; il est impossible, au siècle de la vapeur et de l’électricité, de ne pas avoir foi dans la victoire future de la navigation aérienne. On voit combien George Sand avait le sens juste.