Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/549

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collections minéralogiques ou entomologiques, faisait des herbiers, découpait à la main des silhouettes de plantes ou de fleurs, petits chefs-d’œuvre d’adresse et de finesse qui ne peuvent être comparés qu’à des ouvrages chinois ou japonais. Elle faisait encore des dendrites. On sait qu’on nomme dendrites, en minéralogie, des empreintes de plantes dans des cassures de pierres, ou même des restes de plantes pétrifiées. En examinant un beau soir un dessin fantastique, créé par le hasard d’un pâté de couleur, qu’on avait écrasé par mégarde entre deux feuilles de papier, George Sand remarqua que ce dessin reproduisait merveilleusement une pareille dendrite. Elle voulut répéter cet essai, et, ayant écrasé ainsi plusieurs pâtés de couleur entre deux feuilles de papier, elle tâcha de faire ce que chacun avait fait dans son enfance : de compléter et de préciser par quelques traits de crayon ou de pinceau les images qui se présentent dans un pâté d’encre écrasé. Il en résulta un petit tableau, un paysage avec des figures fantastiques. Mme Sand s’engoua de ce genre de peinture et on lui prépara d’avance des pâtés de couleurs écrasées sur des feuilles de papier, afin qu’elle s’amusât, le soir, à peindre ses dendrites, soit à l’huile, soit à l’aquarelle[1]. … Quelquefois on lisait à haute voix un conte, écrit la veille par George Sand pour l’une de ses petites-filles, car, comme une vraie grand’mère, c’est pour ses petites-filles qu’elle semble avoir écrit alors de préférence. C’est ainsi qu’entre 1872 et 1875 elle écrivit treize contes : le Château de Pidordu, la Reine Coax, le Nuage rose, les Ailes du courage, le Géant Jéous, le Chêne parlant, le Chien et la fleur sacrée, l’Orgue du Titan, Ce que disent les fleurs, le Marteau rouge, la Fée poussière, le Gnome des huîtres et la Fée aux gros yeux[2]. George Sand s’essaya donc, outre le roman, le théâtre, les articles de politique ou de critique,

  1. Nous possédons une de ces dendrites, dessinée pour amuser les petites Aurore et Gabrielle ; elle nous a été donnée par Edmond Plauchut. Elle représente un paysage fantastique — un golfe au milieu de collines, tapissées de broussailles et d’arbustes, et, sur l’une de ces collines, deux petites filles et un chien, voire : « Lolo et Titite avec Fadet », le légendaire chien de Nohant. Les portraits des deux petites filles et du chien étaient sa signature de peintre.
  2. Huit de ces contes sur treize et Gribouille ont été traduits en russe par Mme Tolivérow, en 1893. (Devrienne, Saint-Pétersbourg, in-18.)