Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/554

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Mais nous le répétons, le Château de Pictordu n’est point une histoire pour de petits lecteurs, mais un roman minuscule, ou même une étude psychologique, basée sur des observations et des remarques si fines qu’elles ne peuvent être comprises que par des adultes.

Les soirées où Maurice donnait à Nohant ses représentations de marionnettes étaient de vraies petites fêtes. On en a des descriptions pleines de verve et de couleur dans les livres de MM. Amie, Mes Souvenirs, Plauchut, Autour de Nohant et dans le volume II des Souvenirs de Mme Adam, dont nous avons déjà cité mainte page, et enfin dans l’article de Mme Sand elle-même : les Marionnettes de Maurice Sand (le dernier article publié du vivant de George Sand), que nous avons cité au chapitre x.

Tout ce qu’on raconte sur l’impression produite par ces représentations sur les spectateurs nous semble — ainsi qu’à tous ceux qui n’y ont point assisté — si inexplicable et si peu probable que nous emprunterons encore au livre de Mme Adam la description de l’une de ces soirées. Le témoignage d’une personne y ayant assisté pourra peut-être faire comprendre au lecteur quelle était la cause mystérieuse de l’action incompréhensible exercée par ces fantoches sur tous les habitués de Nohant. En racontant comment on fêta l’anniversaire de Mme Sand en 1868, — et selon les traditions non pas le 1er, mais le 5 juillet, — Mme Adam dit :

On déjeune gaiement, on se promène toute l’après-midi, on goûte et l’on ne dîne pas, car on doit souper après les marionnettes.

Enfin nous allons assister à une représentation de ces marionnettes qui passionnent tant notre curiosité. Nous connaissons par leurs noms, avant de les voir : Balandard, Coq-en-Bois, le capitaine della Spada, Isabelle, Kose, Céleste, Ida, et tous, toutes. Alice rêve du monstre vert, Belsébuth, Elle demande qu’il apparaisse.

Nous sommes en costume de grande première, décolletées. Le programme de la soirée est affiché partout. Les marionnettes jouent Alonzo-Alonzi le bâtard ou le brigand de las Sierras. Maurice passe vingt nuits pour amuser une heure son adorée mère. Notre impatience est grande. Mme Sand n’est pas la moins occupée de cette « première ». Elle questionne Maurice curieusement. Il reste muet.