Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/558

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Mme Sand alla par deux fois en Normandie, à Croisset, chez Flaubert qui désirait lire à sa « chère maître » quelques chapitres nouveaux de son Saint Antoine, et chez les Lambert et les Dumas à Saint-Valéry.

C’est au commencement de 1868 que Mme Sand séjourna quelques semaines avec Maurice, Plauchut et Maxime Planet au Golfe Juan chez Mme Adam. Lorsque Mme Sand se disposait à partir pour Bruyères, elle mit une « condition » à Mme Adam : c’était de n’y rencontrer ni Solange, ni Mérimée. Mérimée qui vivait à proximité et venait souvent aux Bruyères, dès qu’il sut que George Sand allait venir, pria avec beaucoup de tact Mme Adam de le prévenir, afin de se tenir à distance. Quant à Solange, Mme Sand avait, à cette époque, refusé de voir et de recevoir sa fille. Voici ce que Mme Maurice Sand nous avait dit à ce propos :

« Lorsque je n’étais pas encore mariée, je voyais quelquefois Solange, parce que mon père la connaissait dès son enfance. Mais quand j’ai épousé Maurice, Mme Sand me dit : « Mon enfant, tu ne dois pas la voir, parce que si elle vient chez toi, cela voudra dire qu’elle nous fâchera tous les uns contre les autres, c’est ainsi qu’elle est. » Je ne la voyais donc pas, d’autant plus que Maurice me l’avait défendu[1]. Il ne la voyait pas alors, non plus. On ne se vit qu’en 1870, au moment de la guerre… » Et lorsque la jeune Mme Lina avait prié Mme Sand de recevoir Solange, disant qu’elle avait peut-être changé en mieux et n’était peut-être « pas si mauvaise » qu’on le croyait, George Sand refusa longtemps d’acquiescer à cette prière, disant : « Prends garde, il n’en résultera rien de bon, mais sûrement beaucoup d’ennuis… »

Après la mort de Mme Émilie Chatiron, Solange acheta à sa

  1. Mme Lina ignorait à cette époque que son mari voulait la tenir à distance de sa sœur, à cause des principes immoraux de cette dernière, et même plus tard, en 1873, lorsque Mme Lina Sand avait fait un court séjour à Paris, George Sand lui avait écrit le 19 janvier : « Voilà Sol après Plauchut qui ne saura pas dire que tu n’es pas à Paris, et alors elle se mettra après toi. Ne te laisse pas envahir ni ennuyer. D’autant plus que toutes ses tendresses ne servent qu’à mieux nous cracher au visage plus tard. »