Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/56

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nement voulait entrer en relations directes avec ce peuple, parce que « le plus solide lien entre un gouvernement et le peuple était un perpétuel échange d’idées et de sentiments », car si « la royauté qui dédaignait le peuple n’avait pas besoin de lui parler, la République… doit lui parler sans cesse pour l’éclairer, car l’éclairer c’est le rendre meilleur et le rendre meilleur, c’est le rendre plus heureux[1]… »

Dans deux Bulletins déjà, rédigés par Ledru-Rollin lui-même et par Jules Favre, sous-secrétaire d’État, avaient paru des extraits des écrits de George Sand : dans le numéro 3, une page de sa Première Lettre au peuple, et dans le numéro 4, un passage de sa Lettre aux riches. Mais le 15 mars, lorsque Mme Sand était encore à Nohant, il fut décidé en un conseil du gouvernement provisoire de mettre ordre dans la publication des Bulletins, et à cette fin « le ministre de l’Intérieur fut autorisé à s’entendre avec Mme George Sand pour fournir des articles au Bulletin de la République[2] ». « Il fut encore décidé qu’à partir du numéro 3, le Bulletin ne paraîtrait désormais que sur le bon à tirer d’un des membres du gouvernement provisoire » et on établit une liste des douze signataires responsables dans l’ordre suivant : Crémieux, Garnier-Pagès, Lamartine, Marie, Louis Blanc, Arago, Albert, Jules Fawe, Flocon, Ledru-Rollin, Bethmont, Carnot ; il ne fut toutefois pas stipulé que le même roulement reprendrait avec le numéro 14 et ce point, on le verra, a quelque importance »[3]. Jules Favre affirma plus tard que ce fut par l’entremise d’Étienne Arago que le gouvernement provisoire invita George Sand à prendre part à la rédaction du Bulletin. D’autres prétendirent que Mme Sand avait elle-même offert ses services. Nous avons tout lieu de croire que ce fut, comme en 1844, au nom du comité de la Réforme, se trouvant à présent à

  1. Expressions du Bulletin n° 1.
  2. Cette phrase empruntée au rapport de la commission d’enquête sur l’affaire du 15 mai (t. II, p. 30), fait, comme on le sait, par Jules Favre, est citée par Daniel Stern (Histoire de la Révolution de 1848, t, II, p. 292) et par M. Monin.
  3. M. Monin, George Sand et la révolution de 1848, (La Révolution française, 14 décembre 1899, p. 544-545.)