Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/582

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vers laquelle doivent tendre tous les amis du peuple. C’est d’abord :

L’instruction gratuite et laïque pour tous, c’est-à-dire libérale. L’égalité consistera donc à donner à tous les moyens de développer leur valeur personnelle, quelle qu’elle soit, pourvu que ce soit une valeur et non une inertie… Cela implique aussi la lutte « contre la misère qui subjugue toutes les capacités du travailleur, l’excès de travail ne lui permet pas de développer ses facultés ».

L’auteur prévoit que la classe inférieure, en quête de ses droits, étant ignorante, se portera peut-être encore à des excès ; mais il y a des moyens de combattre ce mal : l’organisation du travail et des tribunaux de travail qui examineront les différends entre travailleurs et propriétaires et rendront inutiles toutes les grèves.

George Sand voudrait enfin qu’on organisât une grandiose souscription nationale ou qu’on décrétât un impôt pour fonder quelque magnifique institution destinée à émanciper le peuple, à l’arracher à l’ignorance et à la misère. On a trouvé cinq milliards pour payer l’ennemi ; on doit trouver dix fois plus pour accomplir l’œuvre sociale indispensable : l’établissement de la véritable égalité. Ceci serait le commencement d’une nouvelle révolution pacifique, la révolution pour l’idéal.

Le chapitre xxii et final des Impressions et souvenirs est aussi consacré à cette lutte des partis politiques qui trouva son expression dans les orageuses séances de la Chambre du 6 novembre au 2 décembre 1872 et se termina enfin par l’inauguration définitive de la République et de la présidence de Thiers.

Ce chapitre xxii commence par un ravissant morceau autobiographique : la description d’une excursion hivernale entre deux nuages, en compagnie de Maurice, des deux petites filles et de Sylvain, le vieux cocher, entreprise pour chercher dans la forêt des chenilles et de rares fleurs tardives. Et tout à coup, à propos d’oiseaux, George Sand passe aux querelles parlementaires des dernières semaines, soudain apaisées (c’est pour cela que tout ce chapitre porte avec raison, au propre comme au figuré, le titre d’Entre deux nuages). Selon l’auteur toute cette lutte parlementaire se résume par la lutte de deux opinions :