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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/637

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Quant à Patureau-Francœur, la Nécrologie[1] que Mme Sand lui consacra après sa mort témoigne de l’estime de Mme Sand, de sa chaude sympathie, de son enthousiasme pour l’héroïsme de ce simple vigneron au cœur ardent, républicain inébranlable qui supporta des persécutions injustes et sut, exilé en Afrique, ne point se laisser abattre par l’infortune, mais y servir encore sa patrie par son labeur d’agriculteur honnête et sans trêve. Mais ni dans cette Nécrologie, ni dans toutes les lettres où Mme Sand parle de Francœur, nous n’avons lu un seul mot ironique ou moqueur, Notons aussi que Francœur était mort dès 1868, juste une année avant Sainte-Beuve, ce qui n’était plus si « récemment » en 1876. Mais quand Mme Solange voulait arriver à ses fins les inexactitudes et les inventions ne l’arrêtaient pas.

Revenons au récit de M. Pestel et à ceux des autres témoins oculaires des événements :

Après la mort (de Mme Sand) Mme Solange agita cette question de l’enterrement. Mme Lina lui répondit : « Mme Sand n’a jamais exprimé devant moi d’intention à ce sujet. J’ai fait enterrer civilement mon père, parce que cela me regardait ; Mme Sand est votre mère, arrangez-vous avec Maurice, c’est votre affaire, je ne veux pas m’en mêler. » M. Maurice inclinait pour un enterrement civil ; sa sœur lui demanda s’il avait des instructions de sa mère, il répondit que non. Mme Solange avait trouvé quelques jours auparavant dans un petit sachet de satin bleu un écrit de sa mère, daté de 1857 ou 1858 qui commençait ainsi : « Ceci est l’expression de mes dernières volontés. La mort n’étant pas un malheur, mais une délivrance, je ne veux sur ma tombe aucun emblème de deuil, je désire au contraire qu’il n’y ait que des fleurs, des arbres et de la verdure «, puis elle indiquait des détails relatifs à son enterrement, mais il n’était nullement question d’enterrement civil À cette époque elle voulait être enterrée dans le cimetière de Caulmont près Gargilesse. Plus tard, paraît-il, elle avait voulu l’être à Palaiseau.

Mme Solange insista pour que sa mère fût enterrée religieusement, disant que si elle avait voulu un enterrement civil, elle n’agirait pas manqué de le dire. Simonnet, Cazamajou pensaient de même. M. Favre, qu’elle supposait libre-penseur, accepta avec enthousiasme un enterrement religieux. Alors Mme Solange s’adressa à M. Maurice pour le décider. Ce dernier ne fit pas d’objection et y consentit volontiers.

  1. Cette Nécrologie parut en 1868 dans l’Avenir national ; elle fait partie des Amis disparus, imprimés dans le volume des Nouvelles lettres d’un voyageur.