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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/668

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un écrivain parisien et votre serviteur, fraîchement arrivé de la lointaine Russie ! Au moment du prône, lorsque l’abbé adresse la parole aux humbles ouailles rassemblées, il leur dit que l’Église doit prier pour Mme Sand, parce qu’elle possédait deux grands dons de Dieu : le génie et la bonté. Il se souvient aussi d’une autre âme disparue encore, de cette admirable Lina Sand qui se dévoua à servir sa belle-mère. Plusieurs des hôtes de Nohant se montrent à l’entrée de l’église ; ils écoutent, puis s’en vont de nouveau. Quant à nous, nous restons jusqu’à la fin et ne sortons qu’avec les bonnes vieilles à bonnets et les vieux paysans en blouses et à grands chapeaux.

Entre temps, les allées du parc fourmillent déjà de figures inconnues : ce sont des visiteurs de La Châtre et des environs venus pour voir la vieille maison, le parc, et pour saluer la tombe de George Sand. Cette tombe se trouve dans un enclos réservé du cimetière, et n’est séparée du jardin que par un mur mitoyen. Les visiteurs affluent peu à peu, mais ils sont relativement peu nombreux ; tout à coup, du côté de la grand’route, on entend une musique étrange, quelque chose comme des pifferari italiens, du bruit, le trépignement sourd d’une foule, des centaines d’hommes qui s’approchent… Et voici qu’un cortège entre dans la cour du château : ayant à sa tête, son bâton de commandement haut levé, M. Augras, le président de la Société des gas du Berry. Il porte à sa blouse une cocarde aux couleurs du Berry, vert, rouge, blanc. Derrière lui deux hommes portent les enseignes de la société : des écussons de France et du Berry entourés de guirlandes de verdure et portant les mots : Société des gas du Berry, puis, en haut, les devises ; on lit sur l’une : Notre pain est maigre, mais je le trempons quand même dans notre écuelle, et sur l’autre : Quoi qu’on dise, quoi qu’on fasse, j’resterons Berrichons quand même.

Derrière ces enseignes marchaient, portant des emblèmes et des rubans, les représentants des différents corps de métiers, et d’anciennes loges maçonniques. C’est ainsi que nous vîmes s’avancer un Compagnon menuisier du devoir de Salomon qui nous fit nous souvenir du Compagnon du tour de France. Et der-