Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/670

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famille de Nohant et Bocage, et des artistes de tous les théâtres de Paris, et des écrivains les plus connus, et toujours silencieusement, presque sans faire de bruit, en échangeant à peine quelque remarque à voix basse, en saluant des connaissances, on se répandait de nouveau dans le parc ou on se dirigeait vers la petite station de Nohant-Vicq, d’où des trains spéciaux emmenaient la foule vers La Châtre. Mais ce n’étaient pas seulement des Lachâtrais : il y avait des gens venus de tous les points du Berry, illustrés par la plume de George Sand. Il y avait parmi eux des Berrichons très connus : tel un jeune substitut du procureur, connu à Paris comme critique littéraire et musical sous le pseudonyme de Stéfane-Pol, puis le poète local, M. Hugues Lapaire, l’un des organisateurs les plus énergiques de la fête, auteur du livre La Bonne dame de Nohant, écrit en collaboration avec M. Firmin Roz ; puis un autre poète, M. Gabriel Nigond, et le jeune journaliste, M. L. Lumet, le fils du vieil ami de Mme Sand, un paysan républicain de 1848. Nous remarquons aussi, dans cette foule, le vieux Sylvain, le cocher de Mme Sand, âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, dont elle a tant parlé dans ses Souvenirs, et le docteur qui l’avait soignée dans sa dernière maladie. Le défilé de la foule a duré si longtemps que nous eûmes à peine le temps de déjeuner avant de partir en grande hâte pour La Châtre, pour assister à la solennité qui devait y avoir lieu. Il fait très chaud. Le ciel est sans nuage et le soleil brûle sans merci, tandis que nous roulons par la monotone chaussée grise, au milieu de rares noyers et châtaigniers, vers la pittoresque petite ville de La Châtre, située sur les bords escarpés de l’Indre et que je connais déjà depuis mes autres séjours en Berry. Il ne fait pas moins chaud dans les rues étroites de La Châtre, mais l’air y paraît moins brûlant, et puis on oublie le soleil, on regarde la foule des citadins endimanchés qui envahit tous les trottoirs, les maisons couvertes de tapis, de draperies et de drapeaux, ornées de transparents et d’écriteaux mirifiques, les rues au-dessus desquelles des guirlandes de verdure et de lanternes flottent dans l’air bleu.

Nous voici sur la place où, au miheu d’un square, se laisse apercevoir la statue de George Sand érigée en 1884, et devant