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CONTES ET NOUVELLES.

d’Aval. On prétend que ç’a été une rivière qui s’est perdue sous terre ; pour dire la vérité, elle apporte autant d’eau à la mer que beaucoup de rivières auxquelles la grammaire de la géographie donne le droit de s’appeler fleuves.

C’est là que se rassemblent les femmes d’Étretat pour laver le linge. Elles forment dans le galet un trou rond, qui se remplit d’une eau limpide et douce, et improvisent ainsi un baquet commode, dont l’eau se renouvelle sans cesse. Après quoi, elles étendent leur linge sur les galets, lavés par la mer à chaque marée, et chauffés par le soleil à la marée basse. Le galet d’Étretat ne ressemble pas à celui qu’on rencontre le plus souvent au bord de la mer. Ainsi, sur les plages du Havre, par exemple, les falaises formées de terre et de craie sont souvent dégradées par la mer ; les pierres qu’elles contiennent, qui sont, comme toutes les pierres, de forme irrégulière, usent leurs angles et s’arrondissent à force d’être roulées par les lames ; mais cette opération est assez longue ; et, comme il s’en détache sans cesse de nouvelles, le galet présente aux yeux et, qui pis est, aux pieds, des cailloux de toutes for-