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ROMAIN D’ÉTRETAT.

sieurs jours, afin de ne pas sortir le soir pendant un jour ou deux, pour dérouter la surveillance.

Pendant ces deux jours qu’elle passa sans se rendre auprès de Romain, elle se procura une bonne quantité de biscuit de mer, qui peut se conserver plusieurs mois, un petit baril de viande salée et une grosse dame-jeanne de cidre.

Mais, pendant ce temps, on avait fait des recherches, et le sous-préfet écrivit qu’il avait la conviction que Romain n’avait pas quitté Étretat, et il envoya des gendarmes qui devaient s’installer dans la commune.

Bien en avait pris à Bérénice d’approvisionner son amant pour quelque temps ; car, trois jours après, malgré ses précautions, elle fut suivie, et on acquit la conviction que Romain se tenait caché dans un trou de la falaise à une cinquantaine de pieds en descendant, et à plus de deux cent cinquante pieds au-dessus des rochers et de la mer.

On commença par envoyer des gendarmes, à la tête desquels le maire, muni d’un porte-voix, conseilla d’abord à Romain de descendre. Il répondit par un seul mot :