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ROMAIN D’ÉTRETAT.

cher. Il soutint le siège pendant quatre jours.

Au bout de quatre jours, il cassa malheureusement la dame-jeanne au cidre, et il ne tarda pas à sentir les angoisses de la soif : sa gorge était desséchée. Il songea qu’il fallait profiter de ce qui lui restait encore de forces pour aviser au moyen de s’échapper.

La mer, basse vers quatre heures, était pleine à dix heures. Il passa tout le jour à détacher des morceaux de rocher et à entasser des munitions.

À la mer pleine, les soldats, les assiégeants, étaient obligés de se retirer. Romain les avait harcelés toute la journée avec des pierres, auxquelles la mer, en montant, et en les obligeant de se rapprocher de la falaise, les exposait davantage. Aussi, à la nuit, ils firent presque au hasard une dernière décharge, et se retirèrent en laissant un factionnaire sur le sommet de la côte.

Quand la mer battit contre la falaise, Romain sortit de son antre, puis, par un chemin pratiqué seulement par les mouettes, il essaya de descendre vers la mer. Il s’aida des pieds et des mains, profitant de la plus petite aspérité, à cha-