Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/166

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ment de la réalisation de ses désirs ; il s’occupait des moindres détails avec la sollicitude qu’on apporte aux choses qui doivent arriver demain. Il pensait à la coiffure d’Anna pour le jour du mariage : elle gardera les cheveux relevés sur le sommet de la tête, qui dégagent si bien son front gracieux.

La nuit le surprit dans cette préoccupation, sans qu’il songeât à allumer une bougie ; tout à coup, on frappa à sa porte, il ouvrit ; un homme, après avoir écouté s’il était suivi, entra brusquement, referma la porte, écouta encore, et lui dit :

— Monsieur, nous n’avons que dix minutes pour conclure une affaire dans laquelle il va de votre fortune et de ma vie. Je suis esclave, employé aux mines ; j’ai volé un diamant ; sous prétexte de maladie, je me suis fait transporter ici. Un roi seul peut payer le diamant dont je vous parle. Aucun prince n’en possède un si beau ; mais c’est pour moi une richesse perdue : il est impossible que je le rende ; car je ne pourrais m’enfuir sans argent. Cependant, il peut aussi faire mon bonheur : je ne vous demande, en