Aller au contenu

Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
BOURET ET GAUSSIN.

alimenter le cœur et l’esprit, on se rejette naturellement sur le passé ou l’avenir ; une femme de quarante ans n’a pas d’avenir.

La danseuse évoqua le passé, se rappela sa beauté et ses diamants, ses voitures, ses chevaux, ses amants, ses parures, et machinalement ouvrit un tiroir où elle avait serré quelques portraits et quelques lettres ; elle regarda et, lut, non sans quelques larmes de regret. Tout à coup, il lui tomba sous la main l’engagement signé par le marquis, lequel, cinq ou six jours après, comme il déjeunait avec son fils, qu’il chapitrait vertement sur quelque incartade, vit entrer un domestique qui lui remit un papier plié en quatre.

Le papier était timbré du timbre royal et contenait ce qui suit :

« Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre, à tous, présents et à venir, salut. À la requête de demoiselle ***, et en vertu d’une reconnaissance et promesse en bonne forme, et dûment signée, dont copie annexée à la présente sommation :

» Je promets payer à mademoiselle *** cent louis par mois, aussi longtemps qu’elle m’aimera. »