Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
207
JOBISME.

— Monsieur, il a étranglé et dévoré quatre lapins dans la garenne.

— Dans la garenne ? et comment y est-il entré ?

— C’est ce qu’on ne peut comprendre sans le voir et ce qu’on ne croit qu’à peine après l’avoir vu. Il a rongé la porte de chêne et a passé au travers.

— Quatre lapins ! ce Black est réellement terrible, dit sir John ; comment en est-il venu à manger le gibier ? le meilleur pointer de toute l’Écosse !

Black était, en effet, un de ces beaux chiens écossais au poil fauve, rude comme les soies d’un sanglier, et cependant si ras et si uni, qu’on distingue au travers le mouvement des muscles ; c’était un montagnard aux pieds longs et étroits, à l’œil vif et saillant comme un cheval arabe.

Mais, depuis quelque temps, il n’était bruit que de ses forfaits, et le jardinier, ainsi que les autres domestiques, en faisaient chaque jour d’épouvantables récits.

Black mangeait les lapins dans la garenne, les œufs et les poulets dans le poulailler ; il s’intro-