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Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/224

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CONTES ET NOUVELLES.

William, dit-il au jardinier, emmenez-le au bout du jardin, et qu’il soit pendu.

— Est-ce sérieusement, dit Rose, que vous parlez ainsi ?

— Oui, madame.

William voulut emmener le chien ; mais il se débarrassa et vint se jeter dans les jambes de son maître, montrant autant de terreur de quitter sir John qu’il en eût montré pour mourir, s’il eût pu comprendre son sort.

Sir John regarda son pointer, si beau, si noble, si vigoureux, si ardent à la fois et si sage, si grand chasseur, si soumis, si caressant : s’ils eussent été seuls ensemble, sir John eût embrassé son chien ; mais la vanité qui fait les Brutus le soutint ; il renouvela l’ordre, et William reprit Black.

— Mais enfin, dit Rose, quel est donc cet horrible crime commis la nuit dernière, et qui a décidé la condamnation du pauvre Black ?

— Madame, dit William, il s’est introduit dans le poulailler, et il a tué et dévoré quatre poulets.

Rose regarda William et lui ôta Black des mains.