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JOBISME.

» — Vient-il souvent ?

» — Presque tous les jours.

» — Vous m’appellerez quand il sera là.

» Trois ou quatre jours après, comme nous étions à déjeuner, on vint dire à mon père que le marchand de canards était à la cuisine. Il ordonna de le faire entrer.

» À peine l’eus-je aperçu, qu’il me sembla que je l’avais déjà rencontré quelque part. C’était un grand jeune homme d’une trentaine d’années, hâlé par le vent et le soleil, s’exprimant parfaitement bien et éludant les questions de la façon la plus spirituelle ; tout ce qu’on put savoir de lui, c’est qu’il demeure à Trouville, qu’il habite une petite maison à lui appartenant, qu’il connaît dans les environs un étang couvert de canards sauvages, dans la saison froide ; que, pour suppléer à la chasse de l’hiver, il en a pris quelques-uns vivants qui commencent à lui faire une basse-cour assez nombreuse et lui permettent de faire son commerce en toute saison.

» — Vous n’êtes pas du pays ? lui demanda mon père.

» — J’y suis né.