Aller au contenu

Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
JOBISME.

à Trouville, et dans une semblable situation ! Quand tu l’as vu chez nous, il y avait déjà plusieurs années que je le connaissais. Dès lors, sa fortune avait subi, je le savais, une grave altération ; mais, deux ans auparavant, c’était un des hommes les plus élégants de Paris. Il avait de beaux chevaux, et on le rencontrait partout, toujours brillant, toujours remarquable entre les autres, par sa bonne grâce et par un petit degré d’impertinence qui n’était pas très-désagréable.

« Je t’avouerai, ma chère Jenny, que, sans être ce qu’on appelle amoureuse de M. André, je n’étais pas sans m’occuper de lui, et, d’ailleurs, il m’avait semblé, à diverses reprises, que ma famille avait des intentions sur lui, et que lui-même faisait à moi quelque attention. Il n’a plus été question du mariage, ou plutôt il n’a jamais été question de ce mariage que j’avais peut-être rêvé. Je n’ai pas cru devoir en mourir de douleur ; cela ne m’empêchera pas d’en épouser un autre, mais M. André ne me sera jamais tout à fait indifférent, et tout ce qui me rappelle son souvenir a pour moi quelque chose de doux et de triste à la fois.