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JOBISME.

les tireurs que lui, l’enviaient tout en l’admirant. Un soir, il en rencontra un qu’il n’avait pas vu depuis longtemps.

» — Eh ! l’ami, lui dit André, avez-vous donc été malade, qu’on ne vous rencontre plus ?

» — Non, dit l’autre, mais j’ai abandonné le métier de chien que je faisais ; je ne suis plus chasseur, je suis contrebandier ; je risque, il est vrai, quelques mois de prison (mais, pour cela, il faudrait me prendre), et aussi la confiscation de marchandises qui ne sont pas à moi. Mais je gagne de l’argent, je vis bien et je n’attrape plus de rhumatismes. Vous êtes fort, vous vous en trouveriez bien ; vous êtes leste et bon coureur, vous devriez vous mettre des nôtres.

» — Je verrai, répondit André.

» Et il n’y pensa plus.

Mais il ne tarda pas à sentir les premières atteintes de rhumatismes et de douleurs aiguës, que devait nécessairement lui donner une vie semblable. Rose lui donnait tous les soins possibles. Quelquefois elle lui disait :

» — Je ne veux plus que tu ailles à la chasse.

» Mais elle se rendait à la nécessité, et André