Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
260
CONTES ET NOUVELLES.

portait toujours quelque chose pour Rose, un bonnet, un fichu, etc.

» Une fois, il fut pris, battu par les douaniers, et il passa quinze jours en prison. Il songea avec terreur que c’était par hasard qu’on ne l’avait pas retenu trois mois, et que, s’il était resté trois mois en prison, Rose serait morte de faim ; de ce jour, il ne sortit plus sans son fusil. En vain Rose le suppliait de n’en rien faire ; elle craignait quelque malheur.

» — Chère Rose, disait-il, il vaut mieux que le malheur arrive à eux qu’à moi ; je ne me laisserai plus prendre.

» Une autre fois, il fut encore surpris par les douaniers ; mais il les tint en respect en les couchant en joue. Un d’eux s’avança et lui tira un coup de fusil ; André courut à lui et le jeta à terre d’un coup de crosse, puis s’enfuit.

» Un soir, il faisait un temps magnifique ; le soleil se couchait sur la mer de Trouville ; tout l’horizon était d’une splendide couleur jaune ; on voyait se dessiner en noir, comme des silhouettes, sur ce fond éclatant, les petits bâtiments des pécheurs avec leurs voiles carrées.