Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
CONTES ET NOUVELLES.

— Eh ! mademoiselle, l’état où vous êtes… qui n’est plus un mystère que pour vous, ce qui est bien singulier, et pour madame Gautherot.

— Oh ! mon Dieu ! que voulez-vous dire, Élisabeth ?

— Que mademoiselle est grosse, et qu’il est bien étonnant.

Fanny était tombée à la renverse sur le parquet. Quand elle revint à elle, die écrivit à Milbert :

« Ce n’est plus la poste qui vous porte cette lettre, mon ami, c’est un exprès qui a ordre de faire toute la diligence possible. Tous nos projets sont détruits ; tout est changé ; il faut que vous arriviez cette nuit à Montreux…, que je m’enfuie avec vous… que je disparaisse jusqu’au jour où je pourrai me montrer comme votre épouse. Venez bien vite ! votre triste Fanny souffre un horrible martyre de crainte et de honte. Venez, venez la sauver ! »

Elle prit un prétexte pour ne pas descendre déjeuner. Son père et sa mère dînaient chez M. Rignoux. Elle passa toute la journée renfermée dans sa chambre, agitée par une fièvre vio-