Page:Kazimirski - Dialogues français-persans, précédés d'un précis de la grammaire persane, 1883.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

PREEACE.

Occident, des moyens suffisants pour s’instruire, sans maître, dans cette langue. Sans vouloir déprécier quelques publications faites à cette intention ou en contester 1’utilité relative, les Français comme les Persans auraient désiré leur voir plus d’étendue et plus de développement. On ne manque pas en Europe de grammaires persanes ; depuis Sir William Jones surtout, on en a publié à l’usage des Européens, en latin, en anglais, en français, en allemand, de différentes dimensions et de mérite différent ; nul n’a songé à composer une grammaire française à l’usage .des Persans et une telle grammaire, figure encore, on ne sait pour combien de temps, parmi les desiderata qu’il serait cependant si urgent de combler. Des dialogues français-persans publiés jusqu’ici, me faisaient souvent observer mes interlocuteurs iraniens, se bornaient à des conversations ordinairement banales, destinées à pourvoir aux premières nécessités d’un touriste français en Perse ou d’un bote passager persan en France. Quelquefois, pour les Français, la transcription des mots persans en français était ou inexacte, ou puisée dans une province, ou mélangée de deux prononciations, celle de l’Inde et celle de la Perse. Quant aux dictionnaires, tout se bornait à des vocabulaires de quelques centaines de mots, appareil tout à fait insuffisant pour un Persan désireux de se familiariser avec les auteurs français ou de comprendre un journal littéraire ou politique. Il m’arriva un jour de causer, un peu plus au long, de cette insuffisance de moyens d’instruction, avec un Persan, Mirza Mohammed de Kermanchah, médecin dans 1’armée de s. M. le Chah, autrefois élève de médecine en Perse et qui, mû par une passion irrésistible pour la science européenne fit un voyage en France où il obtint au bout de deux ans le grade de docteur en médecine de la Faculté de Paris. Au lieu de causer sans but et sans suite, lui dis-je un jour, si nous mettions, au fur et à mesure, par écrit, les sujets dont nous nous entretenons : il en sortirait un petit Manuel de dialogues qui ne serait inutile ni aux Persans ni aux Français ? Qu’en pensez-vous ? Parfait, me répondit le Mirza qui n’était pas un illettré et qui outre le persan, connaissait l’arabe. Nous abordâmes donc plusieurs sujets, écrivant le persan et le français, alternativement sous la dictée l’un de l’autre. Une quinzaine de dialogues, et un certain nombre de locutions se trouvèrent ainsi consignées dans les deux