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ÉCRIT AVANT DE RELIRE LE ROI LEAR

Ô Romance à la Langue-dorée accompagnée d’un doux luth !
Syrène aux beaux ramages ! Reine ! même lointaine !
Cesse tes mélodies en ce jour d’hiver.
Ferme ton volume vieilli, et sois muette.
Adieu ! Une fois encore la lutte farouche
Entre le tourment de l’Enfer et l’argile impassible
M’enflammera ; une fois encore j’expérimenterai
L’amère suavité de ce fruit Shakespearien.
Poète Roi ! et vous nuées d’Albion,
Créateurs de notre profond et éternel thème,
Quand j’aurai parcouru l’antique forêt de chênes,
Que je ne m’égare pas en un rêve stérile.
Mais lorsque je suis consumé par le Fou,
Donnez-moi les ailes d’un nouveau Phénix pour voler à ma guise.

23 janvier 1818.