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POÈMES ET POÉSIES

D’un vin qui sente Flora et la campagne verte,
La danse, les chansons provençales et la joie ensoleillée !
Oh ! qui me donnera une coupe pleine du chaud Midi,
Pleine du véritable, du rougissant Hippocrène,
Avec, sur le bord, des bulles d’écume bouillonnante,
Que, la bouche teinte de pourpre,
Je puisse m’abreuver et, fermant les yeux sur le monde,
M’égarer avec toi dans l’obscurité de la forêt :

III

Disparaître dans l’espace, me dissoudre, oublier
Ce qu’au milieu des bois tu n’as jamais connu,
Le dégoût, la fièvre et l’agitation,
Parmi les hommes qui s’écoulent gémir les uns les autres ;
Où le tremblement secoue les vieux aux rares cheveux gris,
Où la jeunesse devient blême, puis spectrale, et meurt ;
Où rien que de penser remplit de tristesse
Et sur les paupières pèse d’un poids de plomb,
Où la Beauté ne peut conserver un jour ses yeux lumineux,
Sans qu’un nouvel Amour le lendemain en ternisse l’éclat !