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SOMMEIL ET POÉSIE





   
Quoi de plus suave que la brise estivale ?
Quoi de plus charmeur que le subtil ronronnement
Qui se pose une seconde sur une fleur épanouie,
Et bourdonne gaiement de bocage en bocage ?
Quoi de plus paisible qu’une rose musquée fleurissant
Dans une île verdoyante complètement ignorée des hommes ?
De plus salubre que les vallées ombreuses ?
De plus mystérieux qu’un nid de rossignols ?
De plus serein que la contenance de Cordélia ?
De plus fertile en visions qu’une fière épopée ?
C’est toi, Sommeil, qui clos délicatement nos yeux !
Qui fredonnes à voix basse de tendîmes berceuses !
Qui voltiges léger autour de nos moelleux oreillers !
Qui entrelaces les bourgeons de pavots, et les saules pleureurs !
Qui silencieusement emmêles les cheveux d’une beauté !
Le plus fortuné des écouteurs ! lorsque le matin te bénit