Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/215

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Se tenait debout, blême, hâve, la figure empreinte de respect,
Au milieu de ses compagnons, les chasseurs de la montagne.
Au centre, le vénérable prêtre
Leur souriait à tous du plus grand au plus petit,
Et après avoir levé au ciel ses mains ridées
Il parla ainsi : « Hommes de Latmos ! pasteurs
Auxquels échoit la garde de milliers de moutons :
Que vous descendiez des antres des rochers
Qui dominent vos montagnes ; que vous veniez
Des vallées où le chalumeau retentit sans fin,
Ou des plaines luxuriantes, où la fraîcheur de la brise caresse
Délicatement la campanule bleue, où les genêts épineux
Prodiguent leurs boutons d’or ; qui veillez vos précieux troupeaux
Paissant jusqu'à satiété sur les bords mêmes de la mer
Là où les roseaux harmonieux frissonnent aux tristes mélodies
Qu’en échos affaiblis chante la conque du vieux Triton.
Mères et épouses ! qui chaque jour préparez
La besace et ce qu’il faut pour la montagne ;
Et vous toutes, gentilles vierges qui nourrissez de lait
Les agneaux sans mère, et dans une mignonne coupe
Conservez le miel choisi pour votre jeune fiancé :
Oui, que chacun m’écoute ! N’est-il pas vrai
Que tous nos vœux sont dus à notre grand Dieu Pan ?