Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/219

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Un bélier retourne en bêlant : Toi qui sonnes du cor
Lorsque les sangliers au farouche boutoir ravageant les tendres épis
Enflamment le courroux du chasseur : qui de ton souffle protèges nos fermes,
Pour en écarter les nielles, et tous les fléaux des tempêtes :
Etrange auteur de bruits indéfinissables
Qui se répercutent par monts et vaux, s’affaiblissent graduellement
Et devenus soupirs meurent sur les landes stériles :
Redoutable gardien des portes mystérieuses
Qui s’ouvrent sur l’universel savoir — regarde,
Fils puissant de Dryope,
La foule de ceux qui viennent t’offrir leurs vœux
Le front couronné de feuillages !

« Oh ! sois toujours la retraite inaccessible
Des pensées solitaires ; telle par maints détours vous mènerait
Une idée jusqu'au seuil du paradis,
Et vous laisserait le cerveau désespéré : sois toujours le levain
Qui fermente en ce monde bestial et grossier
L’élève jusqu'au ciel — lui donne une vie nouvelle ;
Sois toujours un symbole d’immensité :
Un firmament reflété sur l’infini des eaux ;
Un élément qui comble l’espace entre eux ;