Aller au contenu

Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

320 POÈMES ET POÉSIES

Puis soudain elle devint brûlante, et toutes les fièvres
D’une chaleur surnaturelle lui montèrent au cœur.
— Lamia, que signifie ceci ? pourquoi tressailles-tu ?
Connais-tu cet homme ? » La pauvre Lamia ne répondit pas.
Il darda ses yeux dans les siens, qui pas un instant
N’exaucèrent l'humble prière du triste amoureux ;
Il les darda plus, plus encore ; sa raison humaine chancelait :
Une sorte de charme dévorant absorbait cette grâce.
Ces orbes ne donnaient plus aucun signe de reconnaissance.
— Lamia ! » gémit-il. Aucune tendre voix ne répondit.
La foule entendit, et la bruyante orgie instantanément
Se tut ; les puissantes sonorités de la musique s’étouffèrent ;
Les myrtes se desséchèrent dans les milles couronnes
Par degrés, la voix, le luth et le plaisir cessèrent.
Un silence de mort peu à peu domina,
Jusqu’à ce qu’il semblât que quelque chose d’horrible fût survenu,
— Lamia ! » hurlait-il d’une voix stridente, et seul ce cri strident
Suivi de son lamentable écho, rompait le silence,
— Va-t-en, rêve impur, gémissait-il fixant toujours
La figure de la fiancée ; mais aucune veine azurée maintenant
Ne parcourait plus le contour parfait des tempos ; aucune douce rougeur