Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/343

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C'est d’eux que la reçurent tes frères et les Déesses !
Il existe parmi vous une grave dissension, une révolte
Du fils contre son père. J’ai vu vaincu.
J’ai vu précipité de son trône mon premier né !
Vers moi ses bras étaient tendus, c’est moi que sa voix
Implora à travers le tonnerre qui menaçait sa tête !
J’étais livide et je me cachais la face dans les nuées.
Dois-tu, toi aussi, subir le même traitement ? j’en ai un vague pressentiment :
Car j’ai vu mes fils bien peu semblables à des dieux.
Divins vous avez été créés, et divins
Dans un grave maintien, majestueux, sereins,
Calmes, comme de hauts Dieux, vous avez vécu et gouverné :
Maintenant je remarque en vous crainte, espoir et colère,
Des actes de rage et de passion ; exactement comme
Je les vois dans le monde des mortels, vos sujets,
Chez ceux qui succombent. Voilà ma tristesse, o mon fils !
Lugubre signe de ruine, de soudaine épouvante et de défaite !
Cependant, toi, résiste ; car tu en es capable,
Car tu peux te mouvoir, étant un véritable Dieu ;
Tu peux opposer à chaque heure mauvaise
Ta présence éthérée : moi, je ne suis qu’une voix ;
Ma vie n’est que la vie des vents et des marées,
Pas plus que vents et marées je ne puis être un secours ;
Mais toi tu le peux. Mets-toi dans le van