Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/60

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À BYRON

Byron que ta mélodie est suave et triste !
Prêtant à l’âme des accords de tendresse,
Comme si la douce Pitié, avec une force inaccoutumée,
Avait touché son luth plaintif, et que toi à ses côtés,
Tu eusses saisi les sons et ne leur eusses pas permis de mourir.
La douleur qui couvre tout ne te rend pas moins
Séduisant : bien que tes chagrins soient revêtus
D’un brillant halo, d’un éblouissant éclat,
Comme lorsqu’un nuage voile la lune dorée,
Et que ses bords sont colorés d’une lumière resplendissante ;
À travers la sombre robe, souvent percent des rayons transparents
Qui s’infiltrent comme de jolies veines dans le marbre noir.
Chante encore, cygne agonisant ! refais encore le récit,
Le récit enchanteur, le récit du plaisant pitoyable.

1815.