Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/70

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Qui couronne une falaise élevée ; et celle-ci domine fièrement
Les vagues de l’Océan. Les pédoncules, les brins d’herbe
Strient ma table de leurs ombres tremblotantes.
D’un côté est un champ d’avoines penchées,
Que les coquelicots émaillent de leurs folioles écarlates,
Si choquantes et si inutiles, puisqu’elles rappellent à l’esprit
Les vêtements rouges que déteste l’humanité,
Et de l’autre côté, se déploie devant mes yeux
Le manteau bleu de l’Océan avec des raies pourpres et vertes.
Tantôt j’aperçois un navire avec ses voiles, et tantôt
Je remarque le remous, brillant comme de l’argent, qui enveloppe sa proue.
Je vois l’alouette redescendant vers son nid.
Et la mouette, aux vastes ailes, qui jamais ne se repose ;
Car, lorsqu’elle n’étale plus largement ses ailes,
Sa poitrine danse sur la mer inlassablement agitée

Août 1816.