Page:Keepsake français, 1830.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA JEUNE FILLE ET LE FOSSOYEUR



 
« OH ! rendez-moi ses traits, que je la voie encore,
Que je la trouve ailleurs que dans mon souvenir.
Ne peut-on l’arracher d’ici sans qu’on l’ignore ?
Vous me faites bien peur, mais vous pouvez venir.
Quelle que soit la main qui soulève la pierre
Que depuis hier on voit au bout du cimetière,
Cette main, je veux la bénir.

« La nuit nous cachera, le ciel la fera sombre,
Du bien qu’il m’a repris il me doit consoler ;
Car il avait là-haut de beaux anges sans nombre
Que nul de nous ici ne pouvait rappeler,
Tandis que pour m’aimer je n’avais qu’une amie !
Oh ! venez, car depuis qu’elle s’est endormie,
Deux jours viennent de s’écouler.

« Quoi ! vous me refusez dans cette triste enceinte.
Que vous faut-il ? de l’or ?… Hélas, je n’en ai pas !
Mais je vous aimerai, mais j’entrerai sans crainte
Dans ce terrible asile, et prenant dans vos bras
(Oubliant la frayeur que votre vue inspire)
Votre plus jeune enfant, je pourrai lui sourire
Et sans trembler guider ses pas.