Page:Keepsake français, 1831.djvu/318

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Ai-je au moins su cueillir la fleur ?
Non ! sans germer pour le bonheur,
Elle est tombée en graine aride.
Pareil au lâche moissonneur,
Qui dort couché parmi les gerbes,
J’ai vu mes blés monter superbes,
Sans les couper dans leur primeur ;
Ou plutôt, trop prompt à poursuivre
Les vains fantômes de mon cœur,
Essayant de tout sans rien suivre,
J’ai laissé fuir l’instant de vivre,
Voulant vivre avec trop d’ardeur.
Si maintenant sur ma carrière
Je jette un regard attristé,
Que vois-je au loin sur la poussière
Où mon char s’est précipité ? —
...............
...............
Rien qu’un espace monotone,
Un horizon stérile, obscur ;
Triste lointain d’un ciel d’automne,
Sans eau, sans soleil, sans azur ;
Mer de sable, désert de cendres,
Où court le vent des passions,
Comme au hasard les Aquilons
Errent sans trouver où se prendre.
Nuls mouvements déterminés ;
Mais une vague inquiétude,
S’agitant dans la solitude
Sur des rêves désordonnés ;