Elle pouvait aimer.
Cette découverte lui causa une joie immense.
Elle serait heureuse.
Puis cette affection chasserait peut-être des pensées qui lui faisaient peur.
Tout à coup elle s’écria :
— Il est marié !
Horreur !
Elle songeait à prendre un mari à une femme, un père à ses enfants.
Sa mère n’était-elle pas une épouse abandonnée ?
Une maudite n’occupait-elle pas, au foyer conjugal, la place de la délaissée ?
Si elle haïssait son père, c’est qu’une autre femme l’avait chassée du cœur paternel.
Elle, une victime, pour satisfaire un caprice, un sentiment éphémère, allait à son tour détruire le bonheur de toute une famille !
— Non, dit-elle fermement, je ne commettrai pas cette infamie.
Mademoiselle Fernez détestait le rôle des moralistes ; de plus, elle savait que si elle se retranchait derrière le devoir pour repousser les avances amoureuses de Gustave, elle risquerait d’aviver sa passion, et cela sans profit pour l’épouse menacée.