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Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/106

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À LESBOS

— Le désir que j’avoue éprouver ne vous inspire pas le même effroi ?

— Il passera la première fois que vous rencontrerez une jolie fille, qui, plus généreuse que moi, répondra à cette flamme passagère.

— Je ne désespère pas de parvenir à vous convaincre de m’écouter ; votre persiflage même m’encourage à continuer.

— Mon cher ami, depuis longtemps je ris de tout, mais surtout de l’amour ; si par malheur je prêtais une oreille complaisante à vos galants propos, je serais capable de me moquer de moi-même, et cela au moment psychologique.

Gustave ne put réprimer un geste de douloureuse surprise.

— Andrée, parfois je me demande avec terreur si vous êtes vertueuse.

— Qu’appelez-vous vertu ?

— En un mot, êtes-vous une honnête femme ?

— Allez voir mon casier judiciaire ; je ne crois pas avoir volé ni occis qui que ce soit.

— Andrée, soyez franche ! Avez-vous un amant ?

— Quelles circonvolutions pour en arriver là ! Vous ne pratiquez pas la ligne droite.

— Répondez, ou je croirai que vous vous dérobez.