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À LESBOS

À quoi se résoudre ?

Un matin, la mère et la fille partirent pour toute la journée. Lorsqu’elles revinrent vers le soir, elles remarquèrent que les boutiquiers du voisinage chuchotaient sur leur passage.

Elles ne s’en préoccupèrent pas ; pourtant elles comprirent qu’ils parlaient d’elles.

Déjà, elles mettaient le pied sur la première marche de l’escalier, lorsque la concierge, une vieille mégère barbue, sortit de sa loge et les arrêta, en leur criant, de ce ton aimable que les chevaliers du cordon savent employer vis-à-vis des locataires qu’ils veulent humilier, pour se venger des pièces de cent sous qu’on aurait dû leur octroyer :

— Où allez-vous donc ?

Madame Fernez regarda la portière d’un air ahuri.

Andrée, plus prompte à la riposte, intervint aussitôt.

— On croirait vraiment, mère Rigollet, que vous avec bu un verre de trop, puisque vous ne reconnaissez plus vos locataires.

— Je ne bois jamais, et apprenez, mademoiselle, que vous n’êtes plus mes locataires.

— Nous ne sommes plus vos locataires ? Devenez-vous folle ?