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À Lesbos, bandeau de début de chapitre
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V


Cinq années se sont écoulées depuis le jour où madame Fernez et Andrée se sont vues seules dans la rue, n’ayant pour abri que celui offert par l’amitié, et ne sachant où prendre le pain quotidien.

Ni l’une ni l’autre ne connaissait un métier.

Madame Fernez avait toujours vécu chez elle, en dehors de la vue des luttes de l’existence. Andrée possédait une éducation inachevée et des goûts artistiques qui devaient l’éloigner de l’atelier, pour lequel elle ne semblait pas destinée.

Elles allaient donc renforcer le bataillon des déclassées de deux recrues nouvelles.

Lorsqu’elles partirent, chassées par leur protecteur naturel, par celui que la loi leur ordonnait de respecter, on aurait pu les croire des proies vouées d’avance au suicide ou aux hasards de la prostitution.