— Tu prononces là, mon cher, des mots gros d’importance. Cette jeune fille me plaît ; de cela à en conclure que je l’aime, c’est aller trop vite en besogne. Je suis trop pauvre pour songer, en ce moment du moins, à me marier.
— Quel puritain ! On peut aimer une belle fille, sans la conduire devant monsieur le maire.
— Tu parles en termes légers d’une femme qui a toute l’apparence honnête. Connais-tu quelque chose d’elle t’autorisant à t’exprimer ainsi ?
— Non.
— Où l’as-tu rencontrée ?
— Chez ma mère, pour laquelle mademoiselle Fernez travaille.
— Tu lui as fait la cour ?
— J’y ai pensé ; mais elle est trop virile pour moi.
— Est-elle honnête ?
— Je le crois ; seulement elle n’a pas le sou.
— Pauvreté n’est pas vice.
— La misère est mauvaise conseillère, surtout lorsqu’on a été bercé par de douces illusions.
— En effet, mademoiselle Fernez semble être née dans un tout autre milieu que celui où elle vit.
— Je sais peu de chose de son passé : M. Fer-