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Page:Kellec - A Lesbos, 1891.djvu/89

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À LESBOS

Il mit un genou en terre.

— Oh ! soyez bénie pour les heures délicieuses que je vous dois ; même si votre cœur reste sourd à l’appel du mien, je vous remercierai encore, puisque je vous devrai de connaître l’amour vrai, celui qui vient de Dieu, et qui dure la vie entière !

Andrée sentait des larmes mouiller ses paupières.

Son cœur battait à rompre sa poitrine ; elle se demandait avec terreur si elle n’allait pas mourir de joie.

— Andrée, vous m’aimez, je le vois ; mais dites-moi, à votre tour, ce mot charmant que j’ai tant de hâte d’entendre.

Elle cacha son visage pourpre entre les bras d’Eugène, et ses lèvres ne remuèrent pas ; les sanglots convulsifs qui lui montèrent à la gorge parlèrent suffisamment pour permettre à Badère de se croire un homme heureux.

Il couvrit de baisers brûlants ce cou finement modelé, ces cheveux soyeux et parfumés.

Allait-il vaincre de suite ?

Andrée le repoussa.

— Eugène, dit-elle fermement, partez ; tout à l’heure je dirai à ma mère que nous nous aimons.