Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/20

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la mortification, à reprendre sur les pas de Jésus-Christ le chemin de la vertu, à suivre la lumière qui fait naître et excite les résolutions généreuses, à ranimer en soi la force par où l’on avance et l’on se soutient dans la piété !

C’est ainsi qu’éclairé par la foi, l’auteur de l’Imitation nous instruit dans la science des saints, et nous trace vers la perfection un lumineux sentier. Il ouvre devant nous les horizons du monde surnaturel et les perspectives de l’éternité, et il nous invite à parcourir avec ardeur la carrière où la Providence nous appelle. Et, de peur que l’orgueil ne vienne se mêler à nos progrès pour tout corrompre, sa grave parole nous fait souvenir que l’homme n’est rien de lui-même, et que la prière partie des lèvres pures est seule capable d’incliner Dieu vers notre misère profonde et de nous mériter la participation aux dons célestes. C’est là qu’il prêche l’humilité, l’abnégation, la voie laborieuse de la croix, le renoncement aux biens terrestres, la vie intérieure et cachée, enfin tout ce qui peut fléchir le cœur de Dieu et provoquer l’effusion de ses grâces. C’est là qu’il insiste avec force sur l’obligation de supporter et de pardonner les injures, de maintenir la paix en sacrifiant au bien général l’intérêt particulier et l’amour propre, de se résigner complètement à la volonté divine dans toutes les situations et tous les événements de la vie, enfin de reproduire en soi-même, autant qu’il est possible, l’auguste image de Celui qui, souverainement parfait, n’a pas dédaigné de se nommer notre père et notre modèle.

Ces hauts enseignements sont donnés avec un mélange de noblesse et de naïveté qui impose à l’âme et la captive doucement ; la vérité s’y fait entendre avec des accents pleins de suavité, de grâce et de force. L’écrivain subjugue et ravit la pensée ; toutes les fibres généreuses du cœur, il les fait vibrer et leur imprime ces secousses intimes et profondes qui finissent par des larmes. Comme il pénètre loin dans les mystères du sentiment religieux en montrant la source d’où jaillissent le repentir qui purifie, et la foi qui sauve, et l’espérance qui soutient, et la charité qui rend juste et parfait ! Comme il reproduit toutes les voix et toutes les notes de la conscience humaine, la tristesse causée par les amertumes de la vie et par les déchirements de la mort, les angoisses du pénitent qui gémit de son passé coupable pour l’effacer en le noyant dans ses pleurs, les plaintes du chrétien exilé sur cette terre et soupirant après la patrie céleste, les cantiques du juste éprouvé qui cherche dans l’Eucharistie l’aliment de son cou-