Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/277

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pliquer l’infinie jubilation de mon cœur à la vue de ses immenses perfections : mais voyant ses grandeurs incompréhensibles, et d’autre part mon néant avec toutes les misères qui l’accompagnent, j’allais de l’infini à l’infini, et je me trouvais incapable, de l’infini, à l’infini de l’aimer comme je l’aurais voulu, ce qui me faisait souffrir inénarrablement ; car plus je me trouvais impuissant à l’aimer d’un amour réciproque, plus un secret amour me dévorait intérieurement. Alors j’allais cherchant des secrets dans ma bassesse, comme navré et enivré d’amour, ne connaissant pas ce que je faisais : et, chose étrange, dans ce travail de l’âme, ces saillies de l’infini en perfection à l’infini de ma bassesse, m’étaient autant « de feux d’amour qui me consumaient de leurs ardeurs[1]. »

  1. L’Homme intérieur, ou la Vie du vénérable père Jean-Chrysostome, religieux pénitent du tiers ordre de Saint-François, pag. 153, 175, 176.