Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/315

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inspire cet auguste sacrement. Sans doute on doit s’éprouver soi même ; sans doute il serait à désirer que ceux qui mangent le pain des Anges, eussent toute la pureté de ces célestes esprits : mais celui qui connaît notre misère, et qui est venu la guérir, n’exige pas que l’homme soit parfait pour approcher de la source des grâces ; il de mande seulement qu’il se soit purifié par la pénitence, et qu’il apporte au pied de l’autel un cœur contrit et humilié[1], un repentir sincère de ses fautes, une volonté droite, un amour ardent. Tandis que Jésus repousse et maudit les Pharisiens, superbes observateurs de la Loi, il accueille la femme pécheresse, il compatit à son humble douleur, il bénit ses larmes, et beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé[2]. Trop souvent les apparentes délicatesses de conscience qui séparent longtemps de la communion, cachent un grand et coupable orgueil. Au lieu de s’abandonner aux conseils du guide qui tient la place de Dieu, on veut se conduire et se juger soi — même : erreur funeste dont le dernier terme, le terme inévitable, est ou le désespoir ou une effroyable présomption. Ne quittez, ne quittez jamais la voie de l’obéissance : toutes les autres aboutissent à la perdition. Si l’on vous interdit l’accès de la Table sainte, abstenez-vous et pleurez ; car quel sujet plus légitime de pleurer ? Si l’on vous dit : Allez à Jésus dans le sacrement de son amour ; approchez avec allégresse. Nulle disposition n’égale le sacrifice entier du raisonnement humain et de la volonté propre ; ayez en tout et toujours la simplicité d’un petit enfant : la simplicité du cœur est chère à Dieu ; il la bénit pour le temps, il la bénit pour l’éternité.


CHAPITRE XI.

QUE LE CORPS DE JÉSUS-CHRIST ET L’ÉCRITURE SAINTE SONT TRÈS NÉCESSAIRES A L’AME FIDÈLE.
Voix du disciple.

1. Seigneur Jésus, quelles délices inondent l’âme fidèle admise à votre Table où on ne lui présente d’autre aliment que vous-même, son unique bien-aimé, le plus cher objet de ses désirs !

Oh ! qu’il me serait doux de répandre en votre présence

  1. Ps. l, 19.
  2. Luc. vii, 47.