Page:Kempis - L Imitation de Jesus Christ, traduction Lammenais, edition Pages, 1890.djvu/41

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pendant être meilleur que lui : car vous ignorez combien de temps vous persévérerez dans le bien.

Nous sommes tous fragiles ; mais croyez que personne n’est plus fragile que vous.

RÉFLEXION.

L’orgueil a perdu l’homme, l’humilité le relève et le rétablit en grâce avec Dieu. Son mérite n’est pas dans ce qu’il sait, mais dans ce qu’il fait. La science sans les œuvres ne le justifiera point au tribunal suprême, elle aggravera plutôt son jugement. Ce n’est pas que la science n’ait ses avantages, puisqu’elle vient de Dieu : mais elle cache un grand piège et une grande tentation. Elle enfle, dit l’Apôtre[1] ; elle nourrit la superbe, elle inspire une secrète préférence de soi, préférence criminelle et folle en même temps, car la science la plus étendue n’est qu’un autre genre d’ignorance, et la vraie perfection consiste uniquement dans les dispositions du cœur. N’oublions jamais que nous ne sommes rien, que nous ne possédons en propre que le péché, que la justice veut que nous nous abaissions au-dessous de toutes les créatures, et que, dans le royaume de Jésus Christ, les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers[2].


CHAPITRE III.

DE LA DOCTRINE DE VÉRITÉ.

1. Heureux celui que la vérité instruit elle-même, non pas des figures et des paroles qui passent, mais en se montrant telle qu’elle est.

Notre raison et nos sens voient peu et nous trompent souvent.

A quoi servent ces disputes subtiles sur des choses cachées et obscures, qu’au jugement de Dieu on ne vous reprochera point d’avoir ignorées ?

C’est une grande folie de négliger ce qui est utile et né-

  1. I Cor. viii, 1.
  2. Matth. xix, 30.