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Car les occasions ne rendent pas l’homme fragile, mais elles montrent ce qu’il est.

RÉFLEXION.

Vous ne sauriez, dites-vous, supporter tels et tels défauts ; puissant motif de vous humilier ! Car Dieu, qui est la perfection même, les supporte, et de beaucoup plus grands. Ce qui vous rend si susceptible, ce n’est pas le zèle du prochain, mais un amour-propre difficile, irritable, ombrageux. Tournez vos regards sur vous-même, et voyez si vos frères n’ont rien à souffrir de vous ? La vraie piété est douce et patiente, parce qu’elle éclaire sur ce que l’on est. Celui qui se sent faible, et qui en gémit, ne se choque pas aisément des faiblesses des autres ; il sait que nous avons tous besoin de support, d’indulgence et de miséricorde ; il excuse, il compatit, il pardonne, et conserve ainsi la paix au dedans de soi et au dehors la charité.


CHAPITRE XVII.

DE LA VIE RELIGIEUSE.

1. Il faut que vous appreniez à vous briser en beaucoup de choses, si vous voulez conserver la paix et la concorde avec les autres.

Ce n’est pas peu de chose de vivre dans un monastère ou dans une congrégation, de n’y être jamais une occasion de plainte, et d’y persévérer fidèlement jusqu’à la mort.

Heureux celui qui, après une vie sainte, y a heureusement consommé sa course !

Si vous voulez être affermi et croître dans la vertu, regardez-vous comme exilé et comme étranger sur la terre.

Il faut, pour l’amour de Jésus-Christ, devenir insensé selon le monde, si vous voulez vivre en religieux.

2. L’habit et la tonsure servent peu ; c’est le changement des mœurs et la mortification entière des passions qui font le vrai religieux.

Celui qui cherche autre chose que Dieu seul et le salut de son âme, ne trouvera que tribulation et douleur.